Les organisateurs ont fait leurs comptes : c’est 216.000 festivaliers qui auront fréquenté le site de Kiewit cette année, au bout de trois jours et demi de musique, et plus si affinités. En 2019, le Pukkelpop aura lieu du jeudi 15 au dimanche 18 août. D’ici là, encore quelques considérations…
Pas de photos de Kendrick Lamar (hum), Justice qui remplit le Marquee à ras bord et même plus, ce Tamino à la tenue gentiment négligée qui parle surtout au cœur des demoiselles (sa voix et ses ballades, pas sa tenue), ou encore les chorégraphies kitschounettes des deux chanteurs de Confidence Man : ce dernier jour de Pukkelpop est contrasté comme les précédents mais autrement plus agréablement fourni. On serait même restés un peu plus longtemps pour chiller avec Maribou State (leur trip hop agrémenté de house et de folk en toute fin d’après-midi c’est parfait pour la détente) mais il y a un appel auquel il était assez difficile de résister, parce que parfois on ne se refait pas : celui des guitares.
1. King Gizzard & The Lizard Wizard
Petit clin d’œil donc à l’attention de ceux qui déplorent la disparition des guitares de l’affiche des grands festivals, quand ils n’avancent pas simplement que le rock est mort (certes, faut voir de quel rock on cause) : ce samedi, les accros aux six cordes sont été particulièrement à la fête. Avec Ron Gallo, Rolling Blackouts Coastal Fever, Protomartyr, The Black Angels et surtout les énormes King Gizzard & The Lizard Wizard. Le groupe australien, avec ses deux batteurs, c’est une heure de jam pleine de transe, des compos psyché imbriquées les unes dans les autres, des influences étonnantes (il y a de la Turquie des Sixties, du kraut et des mélodies médiévales dans leur « Crumbling castle » et leur « Rattlesnake »…). Ne cherchez plus : de la même manière que les deux Anglais électropunks de Sleaford Mods sont cette année les meilleurs dispensateurs de sourires sarcastiques, c’est le Roi Gizzard qui suscite le mieux les mimiques extatiques.
2. Rolling Blackouts Coastal Fever
Voir ci-dessus. Sinon, voilà encore des Australiens, trois voix et, et un son quelque part entre Television, la fougue des premiers Parquet Courts et les Strokes quand ils étaient catchy. RBCF remet un peu de passion et de fantaisie dans le rock indie mais y apporte aussi une séduisante touche de… mélancolie.
Rolling Blackouts Coastal Fever
3. Le Food Wood
Parce qu’il faut bien s’hydrater et se nourrir, sur ce site où la circulation est restée très fluide, et que manger de la frite de festival (« Ah bon, vous ne connaissez pas la double cuisson ? »), ça va, on a donné ! L’assortiment de food trucks semble s’être encore étoffé cette année et l’espace un peu agrandi. Trois étoiles aux Meatballs Burgers de Grand-Maman, version belge, tex-mex ou veggie, tous préparés avec le même ingrédient : du love !
4. Sleaford Mods
D’accord, on commence à bien les connaître, les deux gus de Nottingham ! Mais il faut reconnaître que hier, quand Jason Williamson nous fait le clown efféminé et psychotique, ça change de son alter ego pitbull énervé, mais ça colle tout aussi bien à la setlist pleine de critique sociale. Et voir Andrew casser des pintes derrière son laptop pendant que son comparse s’active au micro (ou se rafraîchit le cul devant un ventilo), c’est savoureux. Not ?
Didier Stiers
(Photos : Mathieu Golinvaux)