Chômage: "Les jeunes ne sont pas responsables de leur situation"
Le chômage des jeunes est trois fois plus important que ceux de plus de #25ans. La faute aux jeunes chômeurs ou aux politiques d’aides à l’emploi ? Muriel Dejemeppe (UCL) de l’IRES, a répondu à vos questions dans notre chat.
Pour Muriel Dejemeppe, il faut “rendre notre système d’enseignement plus efficace et plus égalitaire si l’on veut régler le problème à long terme”. Elle regrette qu’on “s’accommode d’un niveau de chômage élevé depuis des dizaines d’année” alors que “le chômage des jeunes devrait figurer en très bonne place dans l’agenda politique”.
Le Soir : Beaucoup d’internautes mettent en cause l’Europe pour expliquer le taux de chômage des jeunes. Qu’en pensez-vous ?
« L’évolution récente, à la hausse, du taux de chômage des jeunes, est toujours une conséquence de la grande crise économique et financière que nous avons connue en 2008. Le taux de chômage est à la hausse depuis 2011 dans la plupart des pays européens. Toutefois, le niveau du taux de chômage des jeunes est structurellement (c’est-à-dire sur une période longue) très élevé en Belgique et d’autres pays européens ont de bien meilleures performances à cet égard ».
AMC : Comment explique-t-on ce taux de chômage aussi élevé chez nous?
« Le taux de chômage élevé chez les jeunes reflète essentiellement un taux de chômage très élevé chez ceux peu qualifiés: 30,4% des jeunes qui n’ont pas un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur sont au chômage ».
Indigné : En Belgique, on nous demande d’avoir de l’expérience pour être engagés car nous sommes “trop jeunes ». Pourtant, on ne nous donne pas l’opportunité d’acquérir cette expérience!
« Effectivement, et l’acquisition de cette expérience doit se faire par une expérience en emploi. C’est la raison pour laquelle nous recommandons de baisser davantage le coût du travail en bas de l’échelle des salaires pour qu’il devienne rentable pour une entreprise de tenter une expérience avec un jeune ».
Marie : Pensez-vous qu’on a de l’espoir pour l’avenir ou la situation risque-t-elle de s’empirer?
« Au niveau des conditions économiques globales, on devrait assister à un raffermissement de l’activité économique en 2014, et donc la demande de travail des entreprises devrait augmenter. On a bon espoir que l’emploi reparte à la hausse en 2014. Mais pour baisser durablement le taux de chômage des jeunes, il faut prendre des mesures structurelles tant au niveau du coût de travail, que dans l’enseignement et dans l’accompagnement des jeunes sans emploi ».
AMC : Est-ce que le faible taux de participation des jeunes à l’économie a des conséquences dans le long-terme?
« Oui bien sûr, et c’est la raison pour laquelle le chômage des jeunes devrait figurer en très bonne place dans l’agenda politique. Le transfert de compétences massif en terme de politiques d’emploi du fédéral aux régions devrait être l’occasion de réformer profondément les mesures d’insertion pour les jeunes ».
L’intégralité du chat ci-dessous.
A lire à ce sujet :
24,5% des jeunes sont au chômage
et Le chômage des jeunes est trois fois plus important que celui des plus de 25 ans
jean le 23 décembre 2013 à 5 h 16 min
Logique, les emplois peu qualifiés sont le plus touchés par la crise et les délocalisations massives, donc les moins de 25 ans déjà au chômage sont certainement ceux qui ne sont plus aux études depuis un moment !
Permalien |Michel le 23 décembre 2013 à 10 h 44 min
C’est une catastrophe pour les diplômés, les débouchés sont rares et seules les fonctions IT trouvent une place. Beaucoup d’entreprises attendent les aides à l’embauche et retardent des projets. Les coûts d’embauche sont élevés. Mais ceux qui ne réussissent pas à obtenir leur diplôme entre en concurance avec les nouveaux belges moins exigeant quant à la qulité du travail à faire et la concurance avec les pays de l’est tue notre marché de l’emploi. il faut légiférer là-dessus….bref beaucoup de problèmes à résoudre avant d’avoir des solutions….
Permalien |Jonathan le 23 décembre 2013 à 11 h 17 min
Bonjour,
Je connais plusieurs jeunes sortants de l’université ou d’un haute école avec un diplome en main.
Ces derniers, lorsqu’ils se présentent à un poste avec leur cv, les entrepreneurs affirment qu’ils n’ont pas assez d’expérience et que donc ils préfèrent prendre une personne de plus expérimentée.
Ce phénomène est de plus en plus courant et oblige donc les jeunes à être au chômage. De plus, le fait de se voir maintes fois refuser un poste, pour lequel ils possèdent le diplome, fait également en sorte que le jeune est de plus en plus démotiver et tomber dans la spirale du chomage. Cette difficulté existait déjà il y a une dizaine d’années et n’a fait que empirer depuis.
Ma question est de connaître si des mesures qui vont être prises afin de faciliter l’accès à un emploi aux jeunes diplomés? Tant au niveau des sociétés qu’au niveau des demandeurs d’emploi.
D’avance merci,
Permalien |Mc le 23 décembre 2013 à 11 h 21 min
La faute à ce gouvernement qui partira sans changements structurels.
Permalien |Lisez-moi le 23 décembre 2013 à 11 h 47 min
Dans le monde informatique (Télécoms, Banques, ….) Combien d’informaticiens sont encore engagés ici en Belgique ? La main d’oeuvre utilise les technologies modernes et le travail se fait à partir de l’autre côté du monde sans faire rentrer 1 euro dans les caisses de l’état et laisse nos jeunes qualifiés sans travail et donc sans expérience à long terme la catastrophe. Le dernier exemple en date avec la main d’oeuvre dans la construction, là l’impact a été directement visible pour les autres …
Permalien |Marcus le 23 décembre 2013 à 11 h 48 min
Pourquoi s’étonner? Beaucoup de jeunes sortent de primaire (voire de secondaire) sans savoir écrire et compter. L’esprit d’abstraction n’est plus développé. Les mathématiques régressent. Les élèves ont des cours de sociologie, philo, etc…tous très intéressant, mais la base des savoirs (langue maternelle, sciences, mathématiques) n’est plus assurée. A l’université arrivent des élèves qui ratent par ce manque de formation rigoureuse. L’exigence n’est pas l’élitisme. Il y a assez d’argent dans le système. Ce n’est pas ça le problème. Le rénové est un problème et l’idée que l’école est là pour compenser les inégalités sociales. C’est souhaitable, bien sûr, mais la réduction des inégalités est un effet d’un bon enseignement qui ne doit pas être conçu pour les étudiants les plus faibles a priori.
Permalien |coin coin le 23 décembre 2013 à 12 h 10 min
Avec tout l’argent qu’on injecte dans des organisations superflues comme l UE et les Régions pourquoi s’étonner qu’il ne soit pas disponible pour des projets “raisonnés” et porteur d’emploi . On pourrait me rétorquer que créer des postes politiques c’est une manière de mettre des chômeurs au travail mais hélas ca ne génère que des ennuis pour les autres et ca n’a jamais été générateur de “valeur ajoutée” (au contraire puisque ca détruit même toutes valeurs, y compris les valeurs sociale de l’aveu même de ceux qui ont créer ces emplois afin de mettre un terme à “l’ancien régime belge”)
Permalien |Péa le 23 décembre 2013 à 12 h 25 min
L’origine de ce problème est multiple:
Du côté de l’enseignement: il faudrait instaurer un numerus clausus/examen d’entrée pour les études qui, bien qu’enrichissantes, ne sont pas directement utiles pour le marché de l’emploi (Histoire, Philo, Sciences po, …). Je sais de quoi je parle. J’adore toutes ces matières (j’ai fait sciences po), mais elles sont… inutiles pour trouver un travail sauf si on a de la chance ou qu’on travaille très dur (bosser dans un musée, à l’université, …). Il faut encourager les études professionalisantes: ingénieurs, informaticiens, plombiers, comptables, électriciens, etc ; et revaloriser les métiers manuels.
Permalien |Du côté de l’Etat: les mesures incitatives actuelles sont dérisoires. Il faut un changement profond et structurel. Encourager les jeunes à fonder leur business. Pour cela, il faut élaguer dans deux domaines : la lourdeur administrative et le taux d’imposition. Je connais plein de gens qui cherchent du boulot mais rêvent de fonder leur affaire personnelle. Ils ne le font pas en raison de ces deux problèmes.
Du côté des employeurs: il faut inciter les entreprises à engager du jeune personnel en défiscalisant. Le problème est qu’un jeune, même de bonne volonté, n’est pas rentable tout de suite. Il faut donc permettre aux sociétés, par exemple pour les deux premières années, de rémunérer le jeune à un salaire brut bien inférieur, mais laisser le salaire net tel que l’employé le toucherait d’ordinaire (c’est à dire couper dans le précompte professionnel, pour dire les choses rapidement). L’entreprise n’aurait le droit de procéder de la sorte qu’à la condition de donner un CDI à l’employé au bout de deux ans. C’est un exemple de mesure très concret.