Emily Hoyos : « La société n’aide pas cette génération à prendre sa place »
Depuis quelques semaines, nous enquêtons pour dresser le portrait des jeunes de 25 ans : qui sont-ils ? Que craignent-ils ? De quoi rêvent-ils ? Mais nous avons aussi voulu savoir ce que d’autres pensaient de cette génération des « 25 ans » : quelle image de vous ont vos parents ? Que pense un employeur quand un jeune de 25 ans se présente face à lui ? Qui sommes-nous pour les hommes et femmes politiques ? Vous retrouverez ces différents points de vue dans Le Soir papier de ce week-end. Mais en attendant, nous vous livrons en intégralité l’interview d’Emily Hoyos, co-présidente d’Ecolo.
Quels sont pour vous les atouts de cette génération ?
C’est une génération qui me fascine beaucoup parce que la société ne lui crée pas de facilités. Le taux de chômage des jeunes aujourd’hui est doublé par rapport à leurs aînés ! C’est aussi une génération très fragilisée financièrement : les jeunes de cet âge-là n’ont pas de CDI, certains doivent faire des stages non rémunérés comme porte d’entrée vers le boulot. Mais c’est une génération qui réinvente un certain mode de vie: les moyens de se déplacer, de se loger, de consommer (les jeunes partagent des voitures, cohabitent…). C’est aussi une génération pour laquelle les réseaux sociaux sont une manière d’organiser la vie.
Quelles sont pour vous les faiblesses de cette génération ?
Il n’y a pas, pour moi, de faiblesses propres à cette génération. Ce sont plutôt des faiblesses de la société dans laquelle ces jeunes vivent. C’est pour moi une génération cul-de-sac. Cela me rappelle une affiche que j’ai vue récemment : deux Espagnols avec les bras croisés sur laquelle était écrite : « We want our futur back »… C’est cela la génération des 25 ans.
Mais certains disent que les jeunes de 25 ans ne s’engagent plus, changent régulièrement de travail…
Personnellement, je ne connais aucun jeune qui sort des études et qui trouve un CDI… C’est pour ça qu’ils changent souvent de travail. Les jeunes ont des difficultés à se projeter dans l’avenir. Par ailleurs, la crise a rendu les banques encore plus méfiantes vis-à-vis des jeunes. Mais au lieu de faire le deuil de leur jeunesse, ils font des rêves. Ils gardent une grande capacité d’indignation.
Quelle est la place des jeunes de 25 ans dans la société ? En réalisant l’enquête, on s’est rendu compte que c’était vraiment un âge charnière : ce ne sont plus des adolescents mais ils ne sont pas encore considérés comme des adultes…
Je ne sais pas pourquoi vous avez choisi 25 ans. Pour moi l’âge charnière recule. Aujourd’hui, c’est plutôt 30 ans. Quoiqu’il en soit, la société n’aide pas cette génération à prendre sa place et c’est un gâchis. Une société doit faire une place prépondérante à cette génération : la jeunesse, c’est notre ultime richesse. Sacrifier sa jeunesse, c’est sacrifier notre avenir.
A relire Paul Magnette : “La description qu’on fait de la génération Y est trop belle pour être vraie”
Si vous voulez nous soumettre une carte blanche sur les défis liés à cette génération #25, n’hésitez pas. Une seule adresse : forum@lesoir.be
William le 2 janvier 2014 à 11 h 56 min
Cette interview aurait pu être réalisée en 1975, 1988, 1997, 2009, 2018, 2029… Logorrhée quand tu nous tiens…
Permalien |Andre Martinage le 2 janvier 2014 à 12 h 30 min
La société n’aide pas… N’est ce pas le rôle des politiciens d’encadrer la société pour aider cette jeunesse à trouver sa place plutôt que passer son temps à faire de l’institutionnel et à créer des postes d’administrateurs à tour de bras pour s’y créer sa propre planque ?
Permalien |steve88st le 2 janvier 2014 à 13 h 35 min
“Personnellement, je ne connais aucun jeune qui sort des études et qui trouve un CDI”
Personnellement, j’en connais énormément.
95% de mes connaissance on trouvé un CDI dans les 6 mois après leur sortie d’étude.
Évidement, avec un bachelier en philo ou en commu, c’est moins facile. Il existe pourtant pas mal de métier en manque de main d’œuvre, que se soit des métiers manuels ou intellectuels.
Permalien |Christophe Speth le 3 janvier 2014 à 23 h 17 min
@steve88st : Je ne l’aurais pas dit mieux que vous. Il est évident que Madame Hoyos – avec tout le respect que je veux bien lui accorder – préfère parler de son vécu personnel plutôt que de se fier à des données représentatives. Ce qui est une attitude intellectuellement au ras des pâquerettes en plus d’être populiste. Il ne s’agit pas de nier la réalité. C’est vrai que la situation est plus difficile de nos jours pour ceux qui sont dans la vingtaine (je suis dans la partie jeune de cette tranche d’âge et possède donc une capacité d’empathie en la matière), néanmoins je trouve dommage d’utiliser cette excuse pour justifier des échecs qui auraient pu être évités avec un peu d’effort. C’est comme si on poussait actuellement les jeunes à brider leur potentiel en faisant passer le message que de toute façon plus rien n’est possible et que seule la société peut résoudre leurs problèmes. Alors si toi aussi tu es jeune et décidé à te dépasser, indignes-toi contre ce paternalisme très mal placé ! Prends-toi en main et réalise tes rêves… en tenant compte de la réalité. Car sinon tu ne les réalisera pas…
Permalien |GOBLET Annick le 2 janvier 2014 à 13 h 40 min
Entièrement raison, j’y retrouve totalement les problèmes de ma fille et de sa génération et non William, ce n’était pas du tout la même chose en 75 ou en 88…
Permalien |C’est clair pour moi que c’est une génération qui doit ré-inventer la société si elle veut évoluer ; je suis de tout cœur avec eux.
Stanislas Bauer le 2 janvier 2014 à 13 h 44 min
Le changement de travail fréquent – s’il est délibéré – est une sanction envers les patrons qui n’offrent que des boulots de m… ou mal payés. Ils ne méritent qu’une chose: qu’on les quitte. Nous travaillons pour nous, pas pour leur grosse voiture !
Permalien |Elens le 2 janvier 2014 à 13 h 59 min
“Qd on est con”, G.Brassens.
Permalien |Il est vrai, que tant que l’emploi sera une espèce en voie de disparition en communauté Française, cette problématique sera toujours d’actualité. Maintenant pourquoi, face à un problème globale, se centrer volontairement sur un symptôme plutôt que sur les causes? Et pourquoi ne considérer le symptôme que pour un sous-groupe de la population? Cela ne risque t’il pas de faire passer le message de “Rhétorique politique, as usual”?
Tilmant Jean-Paul le 2 janvier 2014 à 14 h 01 min
Emily Hoyos:une jolie “FEF”dans une …”peau de vache”?,perso,je trouve le “duo” de co-présidence,plutôt sympa,mais,cela n’empêche pas Jean-Marc de …jouer au chef vert!
Permalien |charlier annie le 2 janvier 2014 à 15 h 13 min
Ma retraite commence ce 1er janvier – j’ai finalement toujours travaillé mais pendant longtemps le statut de conjoint aidant a été la norme comme pour beaucoup de femmes – donc si vous êtes “larguée” bonjour les dégâts pour la pension, ce qui a été mon cas et retrouver une activité “employée” après 50 ans, c’est la galère, sans chômage possible,”interim”, réponse Rossel, etc… j’ai eu ma chance et ce pendant presque 9 ans – Hors, je constate que pour me remplacer (secrétariat, c’est agréable, communicatif, varié, etc..du moins pour moi ), il y a TRES peu de demande … et beaucoup d’exigences.
Dans les petites sociétés, les patrons bossent autant que leurs employés, parfois plus, mais qu’ils exigent des règles (sauf bien entendu “vrai problème”) me paraît normal comme arriver à l’heure, ne pas utiliser son GSM pendant toute la journée, etc.. être disponible, bref faire son boulot avec bonne humeur ….. parfois j’ai l’impression d’être d’une autre génération. Evidemment dans une petite structure tout le monde se tient plus les coudes mais je connais des “indépendants” qui ne savent pas qui sera la le lundi matin….
Qu’une “jeune” (moins de 30 ans) refuse une augmentation de ses heures (de mi-temps à trois quarts temps) pour son confort personnel puisque le chômage compense, je trouve que c’est anormal….
Permalien |bro le 2 janvier 2014 à 16 h 19 min
Quelle laisse sa place à un jeune de 25 ans!
Permalien |Patricia Laurent le 2 janvier 2014 à 17 h 06 min
le monde est POURIS
Permalien |Elens le 3 janvier 2014 à 11 h 34 min
D’un autre côté, des personnes plus jeunes pourraient effectivement être plus sensibles au désespoir que provoquent ces passages à vide. http://www.bbc.co.uk/news/education-25559089
Permalien |Mais j’ai bien peur qu’une prise de recul face à leur perception de ce qu’ils peuvent attendre de la société, soit juste l’apprentissage de la différence entre la théorique et la pratique. Perso, je pense que ce qui les minent surtout, c’est la difficulté qu’il y a à remplacer ce vide de projet professionnel par leurs propres idées sans être confronté à un mur insurmontable de règlements, pour qui n’a pas avant de commencer une couteuse structure derrière lui. (Je sais qu’il y a beaucoup des projets de supports ponctuels, mais une initiative n’est viable que si elle est réaliste sans support particulier.)
Eric le 3 janvier 2014 à 16 h 18 min
Le chômage des jeunes est moins élevé qu’en 1990 (cf émission “wallonie 91″ rediffusée récemment), époque à laquelle on sortait péniblement d’une dépendance à l’économie industrielle. Il y a eut une explosion des opportunités d’emplois grâce à l’IT et autres sociétés de service. Le problème est qu’aujourd’hui les ainés sont devenus impatients (résultats opérationnels) et gourmands (résultats financiers), face à des jeunes blasés de s’investir à 100% pour un pouvoir d’achat réduit de 50% en 20 ans.
Soyez avertis, lorsque la génération Y prendra les reines, tout sera repris de la génération des baby-boomers devenue trop faible pour s’en défendre. Cachez votre argent sous votre matelas car TOUT vous sera repris à juste titre pour être réinjecté dans une économie de marché juste pour tous.
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