Charles Michel: « Lettre ouverte à la Génération Y »
Depuis quelques semaines, nous enquêtons pour dresser le portrait des jeunes de 25 ans : qui sont-ils ? Que craignent-ils ? De quoi rêvent-ils ? Mais nous avons aussi voulu savoir ce que d’autres pensaient de cette génération des « 25 ans » : qui sommes-nous pour les hommes et femmes politiques ? Vous retrouverez ces différents points de vue dans Le Soir papier de ce week-end. Mais en attendant, nous vous livrons en intégralité la lettre ouverte de Charles Michel, président du MR.
“Mesdames et messieurs,
Il n’y a pas si longtemps, j’usais les bancs de l’école et de l’université avec les jeunes de ma génération. J’ai aujourd’hui quelques heures de vol au compteur et j’aimerais partager avec vous quelques réflexions personnelles.
Né au milieu des années 70, j’appartiens donc à cette « génération Peter Pan » (ou « génération Y »). Notre génération préfèrerait s’épanouir, créer, échanger, partager sur les réseaux sociaux plutôt que de consentir à sacrifier sa vie personnelle à sa vie professionnelle ou à convoiter de hautes responsabilités. Je ne suis peut-être pas le bon exemple à cet égard… Mais ce choix n’est-il pas dicté par l’insécurité professionnelle et le stress que cela engendre au quotidien ? Cette prétendue désinvolture n’est-elle pas une compensation symbolique pour ceux qui, comme nous, n’ont jamais connu le plein emploi des Golden Sixties ? La situation n’est pas rose. Elle n’est pas noire non plus. Une enquête réalisée il y a six mois par Solidaris/RTBF/Le Soir auprès des « cadets » de notre génération révélait que 80% des adolescents étaient « satisfaits » de leur vie tant à l’école que dans le cadre familial. Ils aspirent aussi, pour deux tiers d’entre eux, à un changement en profondeur de la société.
Je désire être totalement honnête avec vous. J’ai trois choses à vous dire : la première n’est pas très réjouissante mais les deux autres le sont bien davantage.
Commençons par la première : dans le contexte actuel, trouver un emploi n’est pas facile. Ceux qui, pour vous séduire électoralement, vous promettent un emploi se trompent ou vous mentent. Même avec un diplôme, on n’a aucune certitude de décrocher un travail. Les politiques d’enseignement, d’emploi et d’économie sont des leviers cruciaux pour encourager la prospérité. En Wallonie et à Bruxelles, le taux de chômage des moins de 25 ans est cruel pour les gouvernements régionaux (35% de chômage à Bruxelles, 34% en Wallonie). L’argument de la crise économique mondiale ne peut suffire à justifier cet échec. Comment expliquer, en effet, que le taux de chômage en Wallonie (13,4%) est deux fois plus élevé qu’en Flandre (6,5%) ou dans d’autres régions d’Europe ?
L’accès au logement a continuellement empiré. En 10 ans, le prix moyen des logements a doublé alors que le salaire brut moyen n’a progressé que de 36 %. Dans un tel contexte, je déplore la récente décision en Wallonie d’augmenter (à partir du 1er janvier prochain) les droits d’enregistrement à payer lors de l’achat d’une maison ou d’un appartement en diminuant les montants qui permettaient d’obtenir un taux réduit. C’est un coup dur pour les jeunes et pour tous ceux qui veulent accéder à la propriété.
Réutilisant les vieilles recettes qui ne fonctionnent pas, de nombreux partis politiques essayent de « relancer » l’économie en taxant lourdement les gens et en leur redistribuant de l’argent pour les encourager à consommer. Cela ne marche pas, cela endette le pays, cela augmente les impôts et cela pénalise les travailleurs. En tant que libéral, je ne désire pas pousser les gens à consommer tout ce qu’ils gagnent mais à s’accomplir individuellement, à épargner et à faire des projets à long terme. En effet, la seule vraie richesse, celle dont découlent toutes les autres, c’est l’homme. C’est là le meilleur investissement qu’on puisse faire. Dès lors, une société qui ne mise pas tout sur sa jeunesse est une société destinée à décliner.
Le choix d’une formation, d’une spécialisation, d’un recyclage doit se faire en fonction de nos goûts, nos intérêts, nos aspirations et nos projets mais doit toujours être un choix responsable. Si l’on peine à trouver un emploi correspondant à notre diplôme, c’est moins la société qu’il faut accuser que ce choix que nous posons. Demandons-nous toujours si ce diplôme répond à une demande dans la société. Toutes les formations ne conduisent pas à l’emploi. Il existe des filières mieux rémunérées que d’autres, des filières plus épanouissantes que d’autres, des filières en pleine évolution, des filières du futur, des filières qui recherchent activement des personnes qualifiées, etc. Ainsi, dans les pays asiatiques, la plupart des jeunes se tournent vers les formations scientifiques et techniques car ils ont compris qu’une grande partie des enjeux du futur se jouera sur ce terrain là.
La seconde chose que j’aimerais vous dire contrebalance la première : la fatalité n’existe pas. Certains affirment que la dégradation est inéluctable, que le danger est partout, que la crise va tous nous ruiner, que nous allons manquer prochainement des ressources les plus élémentaires, que nous sommes trop nombreux, que l’humanité est coupable de tout,… Ces prophètes du malheur se nourrissent des peurs qu’ils créent chez les autres. Ils dramatisent exprès les choses et noircissent le tableau. Les pessimistes existent depuis la préhistoire et, si on les avait écoutés, l’homme serait demeuré au stade primitif. En réalité, l’homme, depuis toujours, est confronté à des défis de tout ordre mais il possède l’énergie, l’imagination, la créativité, l’intelligence, bref la « jeunesse » pour y faire face.
La troisième chose va peut-être vous surprendre : jamais dans l’histoire, une génération n’a disposé autant d’opportunités que la nôtre. Cela signifie que jamais les jeunes n’ont été plus LIBRES qu’aujourd’hui. D’abord, grâce aux combats de nos prédécesseurs, nous vivons dans une démocratie où les libertés fondamentales sont garanties et respectées. Ensuite, nous sommes la « génération digitale » : jamais nous n’avons bénéficié d’un tel accès à l’information et disposé d’autant de moyens de communication : nous pouvons communiquer avec des personnes du monde entier et nous informer sur tout de manière instantanée à toute heure du jour et de la nuit. Par ailleurs, les libéraux se battent depuis des siècles pour un vieux rêve qui s’est concrétisé il y a quelques décennies et qui se matérialise chaque jour davantage : l’Union européenne et, corollairement, l’ouverture des frontières qui nous permet de voyager, de rencontrer des gens, d’apprendre des langues, d’étudier, de travailler, d’habiter, de créer notre vie partout en Europe et, dans une moindre mesure, dans le monde. Enfin, la vertigineuse accélération du progrès scientifique et la fulgurante évolution technologique transforment radicalement notre monde et ouvrent largement le champ des possibles : nouvelles techniques médicales, agricoles, nanotechnologies, supraconducteurs, nouvelles énergies, etc. A l’heure où il est déjà fort difficile d’imaginer à quoi ressembleront nos téléphones portables d’ici trois ans, il est aujourd’hui quasiment impossible de prédire à quoi notre monde ressemblera dans dix ans.
A quoi ressemblera le monde de demain ? Il sera ce que NOUS en ferons.
Mesdames et messieurs, l’ambition libérale ce n’est pas de « protéger » les jeunes pour les conduire par la main ou pour les « clientéliser ». Mais c’est plutôt d’augmenter la quantité et la qualité des outils dont nous avons besoin pour réussir et pour rendre chacun plus libre : un enseignement de haute qualité, des formations qualifiantes, des services publics de qualité, une solidarité qui va de pair avec la responsabilité, une fiscalité qui encourage le travail, un accès au logement facilité (en poursuivant la politique de bonus logement que nous avons initiée en 2010, en réduisant les droits d’enregistrement, en ne les faisant payer qu’une fois grâce à la « portabilité ou « système sac à dos », etc.), une politique de l’emploi qui soutient les jeunes (en supprimant le « salaire jeune » c’est-à-dire ce bas salaire appliqué aux jeunes de moins de 21 ans, en réorientant les primes à l’embauche en faveur de ceux qui ont fait l’effort de terminer leurs études, en accompagnant les demandeurs d’emplois tels que les jeunes diplômés, etc. ), une économie qui crée de la prospérité.
En un mot, nous voulons une société qui permet à chacun d’être maitre de son existence et qui, à travers des combinaisons quasiment infinies, offre le choix de construire librement la vie dont il rêve.
Charles MICHEL, président du MR
A relire Paul Magnette : “La description qu’on fait de la génération Y est trop belle pour être vraie” et Emily Hoyos : « La société n’aide pas cette génération à prendre sa place »
Si vous voulez nous soumettre une carte blanche sur les défis liés à cette génération #25, n’hésitez pas. Une seule adresse : forum@lesoir.be
Max le 3 janvier 2014 à 13 h 53 min
Il y avait déjà les réseaux sociaux dans les années 70 ?
Permalien |J'u le 3 janvier 2014 à 20 h 26 min
Lui représente l’inverse du libéralisme: pas d’égalité des chances mais ministre à 25 ans car c’est un fils de.
Permalien |pidem le 3 janvier 2014 à 14 h 21 min
C’est vrai que c’est dur pour les jeunes de 25 ans, âge auquel il fut, lui, ministre… Pathétique …
Permalien |Guy COLLARD le 3 janvier 2014 à 14 h 26 min
Monsieur Michel a raison: la crise ne le justifie pas….. Le souci des dividendes des membres du MR non plus…..
Permalien |Plouf le 3 janvier 2014 à 14 h 41 min
Il annonce des investissements dans la recherche scientifique? Que les contrats précaires des chercheurs seront de l’histoire ancienne? Que la Belgique va se doter d’une réelle politique scientifique?…. Bien sûr que non…..
Permalien |bastin le 3 janvier 2014 à 14 h 50 min
bref ce n’est que du blabla préelectoral, on fait bien semblant de s’interresser au jeunes surtout et a tous accesoirement allez au suivant on a vu ce que vous savez faire
Permalien |mps le 3 janvier 2014 à 14 h 51 min
En fait, c’est dès 15 ans qu’un gosse doit avoir de l’ambition et ébaucher ses futurs atouts.
S’inscrire chez les couts flamands plutôt que francophones, passer ses stages de voile en Angleterre plutôt qu’à l’Eau d’Heure, varier les jobs pour avoir un éventail plus large de connaissances pratiques. Le diplôme est souvent une condition nécessaire, mais ce n’est jamais suffisant.
Les parents peuvent aider : les miens, chaque soir au dîner, demandaient à chaque enfant : “qu’as-tu appris aujourd’hui”. Question simple, mais essentielle.
Chaque jeune devrait être pressé de terminer ses études, pour se consacrer totalement à un travail qu’il aime, et dont il a déjà une certaine expérience. Parce que ceux-là trouvent toujours du boulot !
Notons qu’avec 25 % de jeunes au chômage, il y en a tout de même 75 % qui sont entrés dans la vie active comme dans du beurre.
Permalien |Jean le 3 janvier 2014 à 14 h 53 min
Je me trompe ou bien le parti de Monsieur Michel,le MR, est au gouvernement?
Permalien |Yann le 3 janvier 2014 à 14 h 54 min
Jamais une petite minorité de la jeunesse d’aujourd’hui n’a disposé d’autant d’opportunités, c’est vrai. La minorité issue des classes dominante, comme Charles Michel, dispose d’un capital conomique, culturel et relationnel qui lui permet de tirer le maximum de notre société libéralisée (on ne va pas s’en plaindre).
Pour les autres, les 30% d’enfants pauvres à Bruxelles, les familles avec un seul revenus (il y en aura encore plus l’année prochaine, avec ces 55.000 exclus du chômages), les jeunes qui restent sans revenus 18 mois après leurs études, les libertés sont de plus en plus réduites. Bien sûr, on peut voyager, si on a l’argent. Bien sûr, on peut se cultiver, si on sait où chercher, et si on a du temps à consacrer à cette recherche plutôt qu’à trouver de quoi se chauffer l’hiver, ou habiller ses enfants. Les libertés existent, sur papier, mais la pauvreté, qui est entretenue non pas par la crise, mais par un système inéquitable voulu notamment par le parti politique de Charles Michel, empêchent une grande partie de jeunes de pouvoir en jouir.
Quand à l’ouverture européenne, la Belgique est une des championnes en 2013 des expulsions des européens hors de notre territoire, et la personne en charge se dit également libérale. Comment peut-on dire aux jeunes qu’ils sont libres de “faire leurs vies partout en Europe” quand on brise celle de dizaines de jeunes qui tentent de faire la leur chez nous?
Mais ce qui me dégoute le plus, c’est ce discours moralisateur de vieux aux jeunes, alors que le pouvoir fait tout pour que les vieux puissent échapper à leur propres responsabilités.Toujours moins d’impôts pour les entreprises (surtout les grosses) et les fortunés, alors que le MR ne cessent de répéter que ce sont les indépendants qui forment la majorité du tissu économique belge; de plus en plus de règlement amiable pour les gros fraudeurs fiscaux quand on plonge dans la pauvreté des familles entières qui ne se sont pas déclarées cohabitantes au CPAS et ont gagnés quelques millers d’euros par an pour vivre un peu moins misérablement; une quasi-impunité pour les violences policières (et un nimbre de plainte grandissant) alors que la détention préventive est de plus en plus utilisée de manière avouée comme une peine avant jugement. La responsabilité que prône le MR, elle est pour ceux à qui il est facile de l’imposer. Les autres, mandataires politiques inclus, ont la bénédiction du Parti pour y échapper…
Permalien |jbdumont le 3 janvier 2014 à 14 h 56 min
Pour reprendre ses 3 idées en retirant l’emballage de Noel:
1. C’est triste, y a pas de boulot, accès au logement impossible, mais mon parti n’a aucune idée à vous proposer pour améliorer la situation. Ah si ! Choisissez des études dans un secteur qui débouche sur de l’emploi et du business. Mais aussi (et il n’y a aucune contradiction), en vous accomplissant et en misant sur l’humanité.
2. N’écoutons pas les oiseaux de mauvaise augure qui disent que les ressources de la planète sont limitées et que la crise va nous ruiner : il faut être optimiste.
3. Quelle chance, aujourd’hui on peut être informé en temps réel de ce qui se passe dans le monde, et on bénéficie d’une liberté absolue puisque l’Europe qui nous permet enfin de voyager et de rencontrer des gens. Youpie.
Et la conclusion: Grâce à tout ça (et au MR), chacun peut construire la vie qu’il rêve !
Permalien |Julien le 3 janvier 2014 à 14 h 56 min
une preuve de plus que ces politiques sont vraiment déconnectés du terrain …
Permalien |Didier le 3 janvier 2014 à 14 h 57 min
La crise non… Mais ses parents, le capitalisme et le libéralisme, certainement!!!!
Permalien |Petit Pierrot le 3 janvier 2014 à 15 h 14 min
Baby Michel est le symptome des grands maux de la politique belge
Permalien |particratie et déficit de vraie démocratie
népotisme et copinage
péculat
mandalat
qui ne fait que contaminer et paralyser notre société belge
Libremax le 3 janvier 2014 à 15 h 23 min
Il a bien sûr raison. Il y a d’énormes problème (l’accès au logement, décrocher le premier job,…) mais si les jeunes ne les affrontent pas eux-même, rien ne bougera. Et pour ça, il a raison et les partis de ‘gauche’ qui promettent la lune racontent vraiment n’importe quoi. Il ya de fait beaucoup d’opportunités. Des jeunes sans fortune se font aider :les cpas payent des études, d’autres s’entraident, d’autres squattent, d’autres partent chercher du boulot à l’étranger, on peut suivre des cours d’universités prestigieuses de chez soi, gratuitement… Ce n’est pas réservé à une élite richissime (qui me scandalise également). Mais on peut avoir une fibre sociale et dire aux jeunes qu’ils doivent se prendre en main. Ce n’est pas incompatible.
Permalien |Stanislas Bauer le 3 janvier 2014 à 15 h 28 min
” Ainsi, dans les pays asiatiques, la plupart des jeunes se tournent vers les formations scientifiques et techniques car ils ont compris qu’une grande partie des enjeux du futur se jouera sur ce terrain là.” Tout est dit ! Les besoins en psychologues, sociologues, historiens, etc sont en effets limités
Permalien |Mateus le 3 janvier 2014 à 15 h 36 min
Mais quel boulet ce Charles… Encore un né avec une cuillère en argent dans la bouche… Je rejoins totalement le commentaire de plouf. “Ainsi, dans les pays asiatiques, la plupart des jeunes se tournent vers les formations scientifiques et techniques car ils ont compris qu’une grande partie des enjeux du futur se jouera sur ce terrain là” tu m’étonnes! Mais ce qu’il oublie, c’est qu’ils ont les moyens EUX! Tous les capitaux sont tournés vers les marchés asiatiques…
Permalien |On n’arrête pas d’entendre les politiques dire qu’il faut plus de scientifiques lors des grandes messes du Télévie. Sérieusement, j’ai beau avoir un Master en biologie, j’ai toujours autant de mal à trouver un emploi et je ne parle pas du paquet de doctorants au chômage et qui se voient obligés de se reconvertir dans d’autres secteurs. Faites des études, ils disaient! Perso, je m’en mords les doigts!
LELEU Daniel le 3 janvier 2014 à 15 h 56 min
Des chômeurs, c’est évident! Mais du travail pour tous, là ce l’est moins. Plus aucunes entreprises ne réinvesti dans le travail, la majorité des bénéfices part dans la poche des COE ou des actionnaires. Tous les emplois réservés aux travailleurs non qualifiés ont disparus, remplacés par des machines. Il n’est donc pas étonnant que 25% des jeunes sont sans emplois. Et ce n’est qu’un début, hélas. Quant on écoute les lamentations du patronat (en Flandre comme en Wallonie), rien de bon n’est à prévoir dans l’avenir.
Permalien |Fleb'2 le 3 janvier 2014 à 16 h 08 min
Je me trompe, ou le MR a été un partisan très convaincu du recul de l’âge de la retraite.
Permalien |Or, plus on fait travailler les “vieux”, moins de places se libèrent pour des jeunes, non, M. Michel?
Joli modèle de société où des jeunes commencent leur vie en chômant, dans une culture d’assistannat, pendant que les plus âgés sont usés jusqu’à la corde lorsqu’ils peuvent enfin se “reposer”.
Tout ça dans une logique comptable plutôt douteuse: le chômage des jeunes coûterait moins cher, que la pension des “vieux”… qui auraient de plus le mauvais goût de vivre de plus en plus longtemps
BruxellesdanslaRue le 3 janvier 2014 à 16 h 28 min
Nul n’aurait pu se fourvoyer plus profondément que M. Charles Michel au sujet de la génération des 25 ans puisque ce qu’il dit semble non pas ressortir de la réflexion mais bien plutôt d’un assemblage écclectique d’arguments électoraux, d’intuitions de “gagnant”, et d’expériences personnelles, tout élément impropre à la construction d’un raisonnement solide.
Ce qu’il faut d’abord comprendre – ou, à défaut d’intelligence suffisante, il faudra l’admettre et renoncer à la parole pour toujours – c’est que la génération des 25 ans arrive dans le monde du travail, dans la collectivité, après une formation qui peut inclure l’université ou quelques années d’expérience professionnelle, mais en aucune façon des postes à responsabilité. Ainsi cette génération Y n’a pas, ou peu, influencé l’état de la société. Par conséquent, si cette génération tombe sur une société incapable de l’accueillir, cela ressort avant tout de la responsabilité de ceux qui ont activement façonné la société pour la rendre telle qu’elle est actuellement, c’est-à-dire les générations précédentes (de 30 à 70 ans).
Partant de ce constat simple et chronologique, il devient clair que la question n’est pas “qu’ont fait les jeunes de 25 ans pour être aussi inutiles?”, mais bien plutôt “qu’avons-nous fait pour réduire notre société à un enfer et gâcher ainsi les réalisations futures et l’espérance des générations qui viennent?” Cette question a une réponse que tout le monde commence à formuler assez précisément… à part peut-être M. Charles Michel qui, lui, n’en est même pas à considérer les bonnes questions. Au contraire, ses conseils portent sur les choix de formation et il encourage les jeunes à s’adapter aux desiderata des actionnaires qui dirigent désormais les orientations politiques nationales et européennes.
Si même c’était possible – car il faudrait oublier que les actionnaires changent d’avis plus rapidement qu’on ne complète un cycle de formation -, cela signifierait qu’il vaut mieux se former à devenir publiciste sur internet qu’historien, puisque les entreprises qui font du 400% de bénéfice en 2014 sont celles qui espionnent vos mails pour replacer des pubs adéquates sur votre YouTube. Alors que les historiens, ma foi, ils sont bien inutiles à l’entreprise…
Le conseil de M. Charles Michel à la génération des 25 ans se résume donc à ceci: puisque vous avez un problème, adaptez-vous en vous formant à la va-vite aux tâches stupides que le capitalisme veut encore rémunérer, car au MR on a décidé de continuer la politique odieuse qui fout le monde dans la merde depuis quarante ans. On est bien décidé à ne rien changer.
Permalien |Ergo Christine le 3 janvier 2014 à 16 h 33 min
Monsieur C.Michel, avec tout le respect que je vous dois, donner de faux espoirs aux jeunes ne fera que ternir votre image que vous avez déjà bien du mal à garder. Pour ma part, je n’ai plus 25 ans depuis longtemps, mais ce que je vois autour de moi ne m’apporte que tristesse et désespérance. Pourtant, j’ai trois enfants qui ont un boulot (dont une quand même qui a quitté le pays). Voyez-vous, il ne suffit pas de faire du vent avec sa bouche Monsieur Michel, il faut du concret, et cela aucun de vous, tous partis confondus, ne peuvent le garantir, affirmer le contraire n’est que mensonge, mais dans cet art, vous êtes tous passés maître.
Permalien |Michel DE GRAVE le 3 janvier 2014 à 16 h 57 min
Ch. Michel a annoncé un ELECTROCHOC FISCAL, et une forme baisse des impôts. Bizarre, à la commune de Wavre, dont il est bourgmestre, comme dans les autres communes MR, on n’a assisté à aucune diminution des impôts communaux. Qui croit encore à ce refrain sur les slogans électoraux, que le MR sort avant chaque élections?
Permalien |Roland le 3 janvier 2014 à 19 h 30 min
Si seulement il pouvait se taire…
Permalien |Karl Michel le 3 janvier 2014 à 21 h 20 min
Hahahaha Charles Michel le ´jeune’ ! Priceless!
quel tissu de conneries cette note…
Pas un mot sur l’environnement dans son speech, TRISTE
Permalien |laurent le 3 janvier 2014 à 21 h 28 min
Il serait enfin temps de penser a peser de tout notre poids pour enfin developper une europe sociale avec notamment un salaire minimum europeen, des normes anti dumping, des controles. Il faut arreter les regles d’austerite europenne sans nuances qui tuent l’espoir des gens. Quand osera t on dire que l’europe decide plus des regles que la belgique elle meme !
Permalien |L'Enfer du Décor le 3 janvier 2014 à 22 h 42 min
“A quoi ressemblera le monde de demain ? Il sera ce que NOUS en ferons”. C’est bien ce qui m’inquiète. Le MR, parti libéral, prône un système ultra-libéral qui est justement la cause de la crise actuelle et de la montée du chômage ! Autant demander à Bill Gates de renflouer les restos du coeur.
Permalien |luk le 4 janvier 2014 à 8 h 57 min
Pas vraiment de solutions et un discours un peu simpliste …
Permalien |Eric le 4 janvier 2014 à 13 h 02 min
Le chômage des jeunes est moins élevé qu’en 1990 (cf émission “wallonie 91″ rediffusée récemment), époque à laquelle on sortait péniblement d’une dépendance à l’économie industrielle. Il y a eut une explosion des opportunités d’emplois grâce à l’IT et autres sociétés de service. Le problème est qu’aujourd’hui les ainés sont devenus impatients (résultats opérationnels) et gourmands (résultats financiers), face à des jeunes blasés de s’investir à 100% pour un pouvoir d’achat réduit de 50% en 20 ans.
Permalien |grabal le 4 janvier 2014 à 20 h 22 min
Petite caricature de Charles Michel: http://actudedef.blogspot.be/2014/01/la-famille-michel-travers-les-ages.html?m=1
Permalien |Fenec le 7 janvier 2014 à 9 h 39 min
La liberté d’expression et de mouvements peuvent-elles suffirent pour prétendre qu’une génération est libre? La génération digitale et l’accès à l’information constituent-elles réellement une perspective viable pour l’avenir d’une génération ?
Permalien |Non, bien sûr. Tant que cette génération ne sera pas libre économiquement (en pouvant se choisir un emploi et en touchant un revenu d’existence non-dégressif), cette génération ne sera pas libre.
Cette génération, par rapport à celle de ses ainés, est fortement entravée dans ses désirs de réalisation. Oui, nous sommes libres, libres d’imaginer être PDG, d’aller habiter à l’étranger… mais si cette liberté nous permet d’imaginer pouvoir prendre une place dans la société, elle ne nous assure pas que les places existeront en suffisamment grand nombre pour que nous puissions rêver à plusieurs. Opportunités ne veut pas dire réussite : 1 opportunité sur 100 de décrocher un emploi n’équivaudra jamais à 90 opportunités sur 100 d’en décrocher un. Pourtant, quand on voit le nombre de candidatures par emploi, on n’est pas loin de ce chiffre !
Qui plus est, si pour Charles Michel, les individus semblent libres, un groupe d’individu tel que le peuple belge est-il encore libre de s’autodéterminer ? N’est-ce pas ça, aussi, la liberté : le droit à l’autodétermination ?
En 1988, déjà, André Gorz n’hésitait pas à dire que la société s’effaçait devant le marché. Que la « rationalité économique » choisissait de plus en plus pour nous. Ce sont des choses que les jeunes peuvent se dire quand ils voient leur avenir s’assombrir à cause d’une dérégulation délibérément choisie où quand ils découvrent que la qualité de leur alimentation sera mise à mal pour réaliser le libre-échange (via le traité transatlantique). C’est aussi ce qu’ils peuvent se dire quand ils voient les principes de la mise en compétition menacer les universités.
Comme le dit Charles Michel, la fatalité n’existe pas. Cette société n’est pas une fatalité, elle non plus. On connaît la tendance libérale à naturaliser le social. Il semblerait qu’une fois de plus, il soit demandé à l’homme de s’adapter à l’ « inéluctable » : le mouvement de libéralisation du monde, un chômage de masse. Mais nous avons le choix. Oui, nous sommes libres de créer la société que nous désirons. C’est cela dont les jeunes ont besoin : le sentiment d’avoir prise sur le monde.
Par contre, cette liberté ne se gagnera pas sans que nous nous autolimitions. J’entends par là : nous ET nos institutions. Quand déciderons-nous de fixer des limites à nos modes de vie et d’organisation pour être vraiment plus libres ? Pour jouir d’un salaire qui nous permettra à tous de suffisamment vivre, et de profiter des heures de loisirs qui auront été libérés pour découvrir ce qu’est une vie en dehors du temps compté et de l’argent compté? Quand pourrons-nous choisir de prendre soin d’une terre mal en point, sans pour autant devoir compter avec les impératifs économiques pour nous dire si cela est opportun ? Si cet horizon semble loin, je me construis avec l’espoir qu’il puisse changer. J’espère que la société nous permettra de reconduire cet espoir…