L’université est-elle suffisamment démocratique? “Non”
Vincent Dupriez, professeur de science de l’éducation à l’UCL a co-réalisé une étude en 2010 qui s’intéressait aux profils des étudiants qui débutaient à l’université. Il répond à nos questions.
Tous les étudiants sont-ils égaux face à l’institution universitaire?
Lors de différentes recherches, nous avons pu constater que non. Pour l’année académique 2009-2010, entre 55 et 70 % des étudiants arrivant à l’UCL, l’ULG et l’ULB avaient un père diplômé de l’enseignement supérieur. Le chiffre est d’autant plus impressionnant que l’on a également remarqué qu’à peine 30 % des hommes entre 40 et 64 ans, ce qui correspond à l’âge probable des parents, étaient titulaires d’un diplôme du supérieur. Il est donc très clair que les étudiants issus de familles culturellement favorisées sont largement sur-représentés à l’université.
Par ailleurs, nous avons essayé de remonter jusqu’à 25 ans et nous nous sommes aperçu que ces proportions n’avaient pas beaucoup évolué. L’université accueille chaque année 1% d’étudiants en plus, mais les proportions restent les mêmes. Enfin, on observe tout de même une démocratisation de l’accès, il s’agit des femmes. Elles sont les plus nombreuses à venir de milieux culturellement défavorisés. Et elles ont tendance à mieux réussir que les garçons.
Justement, qu’en est-il des taux de réussite?
Ici encore, on observe une différence, même si elle est moins prononcée. Parmi les étudiants de première année, ceux dont le père a un
diplôme universitaire ont un taux de réussite de 45.6 % tandis que ceux dont le père a au mieux un diplôme de fin de secondaire ont un taux de réussite de 29.1 %. Il y a évidement des différences entre les facultés. Les études de communication ou de psychologie sont par exemple les plus ouvertes. A contrario, les études de polytechniques ou de gestion sont bien plus fermées en terme de niveau de diplôme des parents.
Comment améliorer la situation?
Des tas de choses sont déjà faites, mais ce n’est pas suffisant. Le minerval en Belgique francophone est très bas. Il y a peu d’examens d’entrée dans les universités. Je ne pense pas que le “filtrage” s’effectue par ces barrières formelles. Je pense que ce qui empêche certains parents d’envoyer leurs enfants à l’unif dépend surtout des coûts indirects comme le kot, la nourriture ou l’argent de poche. Pour certaines familles des classes moyennes, un kot est un investissement très lourd, surtout quand on a plusieurs enfants.
Enfin, il y a l’enseignement secondaire. C’est ici que s’effectue un premier “tri”. Les étudiants issus de familles plus modestes seront plus facilement orientés dans des options qui préparent mal à l’université. Il reste également, dans une moindre mesure les disparités entre les établissements.
Propos recueillis par Thomas Casavecchia
Darak le 12 septembre 2014 à 14 h 32 min
Encore une étude de bas étage qui travestit les faits, on ose encore et toujours prétendre que l’élément essentiel au fait de retrouver un enfant à l’université est l’aide externe alors qu’il s’agit d’un facteur secondaire à la façon dont son environnement et par conséquent lui même considère les dites études. Si son entourage n’accorde pas d’importance aux études il aura lui même tendance à ne pas en accorder et par conséquent n’en fera pas. La solution tient dans l’éducation de l’enfant et de ses parents quant à l’importance des études ainsi que l’importance du support parental dans les dites études et ce depuis les primaires. Mettez les parents/la famille face à leur responsabilité dans l’éducation de leur enfant au lieu de les déresponsabiliser de manière systématique.
Permalien |Réverbères le 12 septembre 2014 à 18 h 47 min
Mais, Darak, ce que vous dites ne fait-il pas que confirmer les résultats objectifs de cette “étude de bas étage qui travestit les faits” ? Du moins c’est ce que vous énoncez sans vraiment étayer votre propos assez contradictoire !
Permalien |Monsieur Wojtila le 12 septembre 2014 à 21 h 04 min
Quand je dois interroger un etudiant, je ne sais pas – et je n’ai d’ailleurs aucun moyen de savoir – si ses parents ont fait des etudes ou pas. Ca ne m’interesse pas. Pas plus que s’il collectionne des timbres-poste ou s’il a pris une cuite la veille. S’il connait son cours au point qu’il peut jongler avec lui, il reussit. S’il n’a pas ete foutu d’etudier, il rate. Et ca se voit apres 2 minutes. Au point que je n’ai jamais eu de reclamation d’etudiants buses: quand ils sortent de l’examen, ils sont parfaitement conscients qu’ils ont foire s’il n’ont pas etudie.
Permalien |Hadrien le 13 septembre 2014 à 10 h 43 min
La démocratie , c’est l’égalité des droits et des devoirs, PAS l’égalité des résultats. En ce sens notre système scolaire est parfaitement démocratique.
Permalien |Ada le 14 septembre 2014 à 13 h 51 min
Hélas, j’en suis témoin, ce n’est principalement qu’un pâle petit monde de “fils de…” et de “fifille de…”.
Permalien |Ada le 14 septembre 2014 à 14 h 17 min
Je m’étonne du peu de commentaires. Il me semble que c’est bien filtré ici. Comment peut-on débattre si certaines vérités sont empêchés d’être dévoilé ?
Permalien |Pour “Le Soir”, journal du “très politiquement correct”.