
Le triathlète Frederik Van Lierde, qui a fini 4e ce week-end à Abu Dhabi, est la figure emblématique des Sportifs d’élite de la Défense. Photo Belga.
« Auparavant, j’avais été pendant deux sous contrat avec la Communauté flamande, suite à ma deuxième place à l’Euro des moins de 23 ans en 2002, explique le triathlète. Mais comme je n’avais plus rempli les critères les deux années suivantes, on ne voulait plus me le renouveler. La possibilité d’entrer comme sportif d’élite à la Défense s’est alors présentée à moi et j’ai sauté dessus. »
Dix ans plus tard, le caporal Van Lierde est toujours là et bien là. Parmi les 27 athlètes actuellement sous contrat à l’armée belge dans le cadre du projet « Sportif d’élite à la Défense » (SED), il est, avec le nageur longues distances Brian Ryckeman, le plus connu. Mais, alors qu’il pourrait aujourd’hui très bien vivre en pro de son sport grâce aux nombreux contrats de sponsoring qu’il a signés ces derniers temps, il est resté fidèle à cet employeur qui était là au moment le plus délicat de sa carrière. Un employeur pour lequel il joue le jeu, en arborant en toutes circonstances son logo et même parfois sa tenue de ville lors de certaines obligations « civiles ».
« La Défense me permet d’avoir un salaire mensuel garanti, ce qui compte quand on est marié et que l’on a deux enfants, poursuit-il. Elle m’offrira aussi, à terme, la possibilité de me reclasser une fois que ma carrière sportive sera terminée, dans 4 ou 5 ans. Ce n’est pas rien. »
L’Armée belge qui joue un rôle d’ « employeur » pour les meilleurs sportifs du pays, le concept n’est pas neuf. Les athlètes Vincent Rousseau et Ruddy Walem ou le judoka Philip Laats, pour ne citer que ceux-là, y avaient déjà trouvé « refuge » dans les années 80 et 90. Mais le concept « Sportif d’élite à la Défense », lui, n’existe que depuis juin 2004. Celui-ci prévoit un certain nombre de places dans le cadre (de 20 au début du projet à 30 aujourd’hui, après être passé par 45 en 2007) militaire pour des sportifs d’élite ou des sportifs espoirs. Ceux-ci ont un statut de militaire, avec les droits et devoirs inhérents à ce statut, mais bénéficient de facilités horaires pour leurs entraînements et/ou compétitions.
« Ceux qui sont acceptés, après avoir été présentés par leur fédération et être passés devant une commission tripartite composée de représentants de la Défense, du COIB et des Communautés, entament leur séjour chez nous par une instruction de 8 semaines, précise le capitaine-commandant Hans Vancauwenbergh, responsable du projet. Au départ, on leur garantit un statut SED pendant deux ans. Ensuite, ils doivent remplir des critères de performance sur lesquels ils sont évalués annuellement. S’ils ne les remplissent pas, ils perdent leur statut et peuvent alors choisir de s’en aller ou de rester… dans les mêmes conditions que leurs collègues, c’est-à-dire sans facilités. »
La Défense, en fait, assure pour un nombre limité de sportifs le même rôle que les communautés qui offrent, elles aussi, des contrats d’élite à leurs meilleurs sportifs… même si les possibilités de reconversion y sont, là, beaucoup plus ténues.

Pieter De Crem, le ministre de la Défense, et Pierre-Olivier Beckers, le président du COIB, ont signé un accord de collaboration ce mercredi. Photo Belga.
Pourtant, début 2011, la Défense avait sérieusement envisagé une politique d’« extinction » du projet SED, qui semblait ne plus convaincre certains de ses responsables, surtout à l’heure des restrictions budgétaires drastiques qui leur étaient imposées. Une réévaluation du concept l’a sauvé des eaux.
« Nos sportifs contribuent à donner une image dynamique de la Défense, affirme Pieter De Crem. Et leur exemple encourage leurs collègues à faire du sport et à entretenir leur condition physique. »
D’ici à ce qu’ils parviennent à suivre Frederik Van Lierde…