
Après son échec de Rio, Axelle Dauwens a décidé de s’exiler au Danemark dans le groupe de la vice-championne olympique du 400 m haies. Photo Peter De Voecht/Photo News.
Ce constat, deux athlètes viennent de le faire. A quelques jours d’intervalle, Tarik Moukrime, spécialiste du 1.500 m, et Axelle Dauwens, n°1 belge sur 400 m haies, ont décidé de bousculer leur quotidien à l’issue d’une saison qui les a laissés profondément insatisfaits, le premier parce qu’il n’a pas réussi à obtenir sa qualification pour les JO de Rio, la seconde parce qu’elle n’y a joué aucun rôle. Moukrime, qui avait pourtant entamé sa saison par un chrono « honnête » de 3.38.86 lors de la manche de Diamond League de Rabat, n’a plus jamais, à une exception près, réussi à descendre sous les 3.40 par la suite alors que le minimum olympique de 3.36.20 semblait initialement à sa portée. Dauwens, elle, retardée en début de saison par une blessure, n’a réussi qu’une seule course convaincante durant tout l’été, en finale des championnats de Belgique (55.68, à 12 centièmes de son record personnel), avant de traverser la saison comme une ombre.
L’un comme l’autre ont, du coup, choisi de partir à l’étranger pour tenter de se refaire une santé morale et athlétique. Moukrime a rejoint Reims depuis dimanche pour y travailler avec l’équipe dirigée par Farouk Madaci, l’ancien entraîneur du spécialiste français du steeple Mahiedine Mekhissi-Benabbad, triple médaillé olympique, alors que Dauwens s’envolera ce week-end pour Aarhus, au Danemark, où elle sera intégrée au groupe du coach Mikkel Larsen dont la tête de pont n’est autre que Sarah Slott Petersen, la championne d’Europe et vice-championne olympique en titre du 400 m haies. Ni le Verviétois ni la Flandrienne n’ont opté pour des seconds couteaux !
« Changer d’environnement, j’y pensais déjà depuis un petit temps, dit Moukrime, dont le retour aux affaires après son cancer des testicules détecté puis soigné fin 2014, a été plus long et délicat qu’il l’avait pensé. Après ma non-qualification pour Rio, je me suis remis en question. J’avais l’impression de ne plus vivre comme un athlète de haut niveau, de ne plus être motivé à l’entraînement, de ne plus avoir envie. Il me fallait passer à une étape supérieure pour retrouver ma détermination. Je me suis aussi rendu compte que ma maladie m’avait affecté plus que je ne le pensais au départ, que je m’étais mis des objectifs peut-être trop hauts pour moi. Tout cela m’a aidé à justifier ma décision, que j’ai prise en accord avec mes parents. »
Pour Dauwens aussi, l’envie de changer d’air après huit ans passés avec son entraîneur Philippe Gilson, auquel elle ne reproche « rien », a été déterminant. « Il me fallait un autre stimulant, insiste-t-elle. Je connaissais Sara Petersen depuis cinq ans. On se croisait en stage et en compétition et j’avais une bonne vision de de la manière de travailler de son coach, plus basée sur le rythme et la souplesse. Comme j’avais par ailleurs un a priori favorable à l’égard de la mentalité scandinave, basée sur le “no nonsense” et le travail sérieux, je me suis dit que c’était la bonne solution. »
Pour faciliter son adaptation, la spécialiste des haies suivra des cours à l’université d’Aarhus à raison de deux jours par semaine et s’investira aussi dans l’organisation des championnats d’Europe pour Masters qui auront lieu dans la deuxième ville danoise en 2017. « Cela me permettra de plus vite apprendre la langue ! », insiste-t-elle. Elle s’est engagée à rester au moins jusqu’en 2018, année où elle espère briller à l’Euro de Berlin, mais n’exclut pas de prolonger son séjour deux saisons de plus pour y préparer les Jeux de Tokyo 2020. « Cela se décidera au fil des évaluations que l’on fera ».

Tarik Moukrime a pris la direction de Reims pour retrouver une nouvelle motivation. Photo Tomas Sisk/Photo News.
Y a pas à dire, sur le plan de l’envie, la saison a bien démarré pour les deux exilés !